Libreville replongée dans le noir : quand la promesse constitutionnelle d’accès à l’électricité vacille

Libreville, le dimanche 10 août 2025. Après plusieurs mois de relative stabilité dans la fourniture d’électricité, la capitale gabonaise a de nouveau connu des coupures, plongeant des quartiers entiers dans le noir. Un épisode d’autant plus surprenant qu’il coïncidait avec le premier séminaire gouvernemental de la Vᵉ République, présidé par Brice Clotaire Oligui Nguema, et consacré au bilan des 100 premiers jours de son mandat.
Sous le thème « Bilan stratégique et alignement institutionnel », la rencontre avait pourtant rappelé les six piliers du projet présidentiel, dont le tout premier érige l’eau et l’électricité en droits fondamentaux. Une ambition directement inscrite dans la Loi fondamentale : l’article 37, alinéa 2, de la Constitution stipule en effet que « L’État garantit à tous l’accès à l’eau potable et à l’énergie ».
Cent jours après l’investiture, force est de constater que ce droit constitutionnel reste fragile. Des délégations officielles avaient pourtant confirmé l’arrivée de matériel en provenance de l’étranger pour moderniser et renforcer la desserte électrique nationale. Mais les coupures récentes montrent que les investissements annoncés ne se traduisent pas encore par une amélioration tangible pour la population.
Ces interruptions de service ne sont pas de simples désagréments domestiques : elles ont des conséquences économiques directes, perturbant les commerces, ralentissant les industries et affectant la compétitivité des entreprises locales. Elles comportent aussi un risque vital dans les structures hospitalières, où le moindre défaut d’alimentation électrique peut compromettre des soins urgents ou des interventions chirurgicales. L’instabilité électrique a également touché le réseau internet de Moov Africa Gabon Telecom, devenu instable, voire inaccessible, perturbant ainsi les utilisateurs et les travailleurs dépendants de leur connexion.
Cette situation soulève une double question : comment expliquer qu’un engagement érigé en priorité présidentielle et garanti par la Constitution reste aussi vulnérable ? Et surtout, quel mécanisme de suivi garantit que les investissements réalisés atteignent leurs objectifs ?
Le président de la République a, lors du séminaire, réaffirmé la discipline, la cohésion et l’obligation de résultats comme méthode de travail, avec une évaluation semestrielle des projets prioritaires. Les prochaines coupures, ou leur absence, pourraient bien devenir l’un des indicateurs les plus concrets de la crédibilité de cet engagement.